La “pick me girl” : Juste une tendance TikTok inoffensive ?

Sur TikTok et Instagram, le terme “Pick-Me-Girl” circule. La tendance le montre : L’attitude “pick me” nous concerne toutes – et fait plus de dégâts que nous ne le pensons.

Nous la connaissons toutes : la femme qui dit aimer regarder le football, ne pas avoir envie de drame entre femmes – contrairement aux filles garces qui aiment la couleur rose et Taylor Swift. La “pick-me-girl” n’est pas comme les autres femmes. Elle est spéciale. Elle est unique.

D’où vient le phénomène “Pick-Me” ?

Le terme “pick-me” a été utilisé pour la première fois sur Twitter sous le hashtag #TweetLikeAPickMe pour se moquer des femmes qui entrent dans la catégorie “guy’s girl” – en particulier celles qui se considèrent comme du “wifey material”. En 2022, l’expression a connu une renaissance au sein de la génération Z. Le hashtag #PickMeGirl a déjà été consulté 2,3 milliards de fois sur TikTok. D’innombrables vidéos parodiques y circulent sur des personnes lues comme des femmes et qui veulent être “choisies” par des hommes.

@sneha.v

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Traduit de l’anglais, “pick Me” signifie “prends-moi”. “Pick-Me” est un terme à connotation négative pour les femmes qui recherchent l’attention et la confirmation masculines au détriment d’autres personnes lues comme des femmes. “Je ne suis pas comme les autres femmes” ou “Entre femmes, il n’y a que des drames” sont des déclarations typiques des “pick-me-girls”.

Les “pick me girls” peuvent faire des dégâts

Le simple fait d’être une femme ne me permet pas d’être sexiste, n’est-ce pas ? Malheureusement, c’est une idée fausse. Les déclarations susmentionnées semblent à première vue inoffensives, mais elles peuvent faire des dégâts.

Afin de masquer leur propre insécurité et de se donner une meilleure image, les comportements et les attributions “typiquement féminins” sont rejetés, dévalorisés et les autres personnes perçues comme féminines sont ainsi rabaissées. Ces affirmations sont intériorisées et reproduites en permanence.

Il y a une forme de misogynie, c’est-à-dire de haine des femmes : Les pick-me-girls se comportent de manière sexiste envers les autres femmes, elles rabaissent donc les femmes afin de pouvoir être elles-mêmes au centre de l’attention masculine.

Il n’est pas rare que la misogynie intériorisée conduise au “victim blaming”. Les femmes victimes de violences sexuelles sont par exemple blâmées. Les déclarations du type “Si tu te promènes aussi librement, ne t’étonne pas” relèvent précisément de cette dimension de la misogynie intériorisée. Le danger ici est que les “pick-me-girls” prennent les femmes pour cible avec de telles déclarations au lieu de les protéger.

Les associations négatives avec le féminisme ont également quelque chose à voir avec la misogynie intériorisée. Ainsi, les commentaires du type “pourquoi s’énervent-ils ainsi, nous, les femmes, avons des droits” sont un indice typique de l’attitude “pick me”.

“Pick-Me-Girl” n’est pas un tampon, mais une piste de réflexion

Si l’on entend les affirmations susmentionnées dès l’enfance, par exemple, elles peuvent être intériorisées et avoir des répercussions sur la recherche d’identité et la conscience de soi. Nous avons tous intériorisé de telles affirmations et – si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes – nous avons déjà extériorisé ces sentiments à une ou deux reprises.

“Pick-Me-Girl” n’est donc pas tant une marque avec laquelle les femmes devraient être étiquetées. En effet, en apposant cette marque sur les femmes, nous brandissons la massue du patriarcat contre les femmes. Le terme sert plutôt à donner un nom à une structure d’injustice et à créer ainsi une prise de conscience. Le phénomène “Pick-Me” sert donc à toutes les femmes à se remettre en question.

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Source de l’image : Godisable Jacob via pexels.com